La ville compte de nombreux anciens couvents, Ursulines, Visitandines, Oratoriens, devenus prisons, hospices, école normale. Aujourd'hui, ils abritent qui un collège, qui une maison de retraite, un centre musical, la sous-préfecture...
Petit cours de géologie depuis la butte basaltique où s'élevait le Château des Comtes du Forez et un calvaire que l'on découvre nu (Jésus et ses brigands sont en réparation), mais sans l'ombre des croix, les lycéens bronzent volontiers...
Nous contournons ce qui fut le palais de justice, montons vers les anciennes prisons qui dominaient la plaine du Forez et où résonnent aujourd'hui flûtes et piano, avant de redescendre vers le centre.
Claude arpente, commente, désigne, pousse les portes, gravit les marches du temps. Parfois le passé se cache derrière un nouveau digicode, il faut sonner chez l'habitant, se pencher depuis les balconnets 95 C d'une boutique de lingerie pour accéder à une cour intérieure du XVIème, traverser des rayons de prêt à porter ou un l'accueil d'un centre de massage pour découvrir un superbe escalier à vis.
Passage Saint-Anne, il est question d'un bourreau assassiné et d'un boulanger aliéné devenu instituteur, je range l'anecdote dans mon sac à idées ; dans mon prochain roman, il est justement question d'une boulangerie. Arrêt devant la maison natale de Victor de Laprade, je salue... une vieille connaissance.
Impossible de retranscrire là tout le voyage, les trésors de Claude sont à la mesure de sa passion contagieuse, foisonnants, les récits s'entrecroisent, hommes et bâtiments, politiques ou artisans, pensées et pierres, rues-mystères, demeures prospères ou angles amers où se sont tramées révolutions et guerres de religions.
Une photo qui résume à elle seule tout le synchrétisme de cette étrange petite ville... Entre hier et
now !, rue Saint-Pierre, une façade aux arc d'ogives rebouchés, avec des pierres de réemploi.
Le Chemin du Forez nous mène jusqu'au pied du Vizézy et l'ancien hôpital.
Hop, Claude m'offre ensuite un saut magique au XIIIème siècle, dans la salle héraldique de la Diana, devenue musée et centre de recherches historiques et archéologiques du Forez, l'un des lieux les plus célèbres de Montbrison. Je l'avais découverte en 2007 lors de mon précédent passage à la Fête du Livre, mais là, la lumière est sublime. Cent quarante-huit blasons répétés chacun trente-six fois ornent la voûte en ogive, exceptionnellement conservée. Je bave devant la bibliothèque...
En ressortant de la Diana, je découvre avec étonnement une clef de voûte, posée sur le sol. Moi qui n'en ai jamais vu qu'en levant le nez au ciel, je suis impressionnée par sa taille. Une p'tite pensée pour mon ami Jean-Michel, auteur-architecte - aussi dans l'aventure blue Cerises - ; à ses côtés, j'ai appris peu à peu à bâtir une histoire comme un édifice. Fondations, murs, charpente, toiture, ouvertures...
Pour découvrir une clef de voûte dans son contexte, Claude m'emmène faire un tour dans la nef de la collégiale Notre-Dame d'Espérance, à deux pas de la Diana.
Nous terminons par un petit tour jusqu'au portail de l'ancienne caserne de Vaux.
Reste pour moi à trouver un autre portail. Celui qui ouvre sur mon histoire en cours...
Mercredi, une autre visite. Une petite princesse en pdf...
Mon éditrice au Sorbier m'envoie la maquette du prochain album de
La photo de classe (
La princesse au grain de riz, le quatrième de la collection, en librairie le 14 mai prochain) que j'ai écrit, et illustré par Frédéric Rébéna. J'avais suivi pas à pas tous les crayonnés, mais il reste toujours la magie de la découverte en couleurs (et celles de Frédéric sont de vrais feux d'artifice), cet instant où les personnages, comme des comédiens au soir d'une première, sont tout à coup sur scène, face au public...