jeudi 17 décembre 2009

Têtes coupées...

Xibulon, l'enfant qui avait perdu la tête
étude en pâte à modeler


Aujourd'hui, après-midi découpage au Chemin Rouge.

Après avoir bataillé sur un petit passage à terminer (les affres de la réécriture...), je dissèque avec eux le texte afin de réaliser le chemin de fer de l'album.
Sur le grand tableau noir, je trace 16 grandes cases représentant les 16 pages de notre futur album, les 16 moments de l'histoire. Je leur demande de réfléchir au contenu de chacune des images.
La tâche est ardue, un peu abstraite pour des CE2-CM1.
J'ai du mal à leur faire comprendre la notion du rapport texte-images. Ce qui est écrit dans le texte n'apparaît pas forcément dans l'image et réciproquement.

Catherine va me chercher des albums et je leur lis le début de Sous le grand banian, écrit par J.C. Mourlevat et illustré par Nathalie Novi. Dans le texte, il est question d'un buffle, qui n'apparaît pas dans les illustrations. Certains enfants ont cru le voir, mais il n'y figure pas.
"Il n'est pas nécessaire de tout dessiner" leur dis-je, "il faut seulement choisir des moments forts, trouver des idées pour les représenter. C'est l'imaginaire du lecteur qui comble les blancs." Créer, c'est avant tout trier et choisir. Choisir des mots, des sons, un rythme, des couleurs, des lignes de force qui offriront au lecteur des jalons de sens et des tremplins d'émotions pour imaginer et re-créer le monde. Son monde intérieur.

Après avoir défini le contenu des premières illustrations, je souhaite les voir à l'oeuvre en découpages.
Pour rendre moins fastidieuses les ébauches, l'usage de l'ardoise est encore une fois d'un grand secours. C'est Maxime qui l'utilise d'ailleurs spontanément pour répondre à l'une de mes questions. Les enfants sont souvent plus pragmatiques que les adultes...

Avec Catherine, nous distribuons aux enfants une feuille blanche A3 - le format établi pour notre travail -, afin qu'ils aient un repère de proportions pour leurs dessins. Je veux qu'ils investissent tout l'espace de la page. Par souci de simplicité, j'ai décidé pour le moment de placer le texte en vis-à-vis et de ne pas l'inclure dans l'image ; je n'insérerai que des fragments de phrases avec Photoshop.

Les enfants effectuent de nouvelles recherches autour du personnage de Xibulon, le personnage principal de l'album, l'enfant-qui-avait-perdu-la-tête, dans une optique assez géométrique, pour faciliter le découpage.

Xibulon, l'enfant qui avait perdu la tête
études sur ardoises


Une option intéressante de la représentation du corps de Xibulon, celle qui utilise les vêtements comme base constructive : le T-shirt et le pantalon. Simple et aisément reproductible.

Lorsque les enfants ont écrit l'histoire, l'idée d'un personnage privé de tête les amusait. Mais au moment de le représenter, il en a été autrement, l'image les a troublés... En effet, lorsqu'on dessine un personnage, nous commençons instinctivement par la tête. C'est un geste logique, structurel. Dès lors que la tête manque, tout l'équilibre est bouleversé. Les enfants ont donc eu l'idée judicieuse de remplacer la tête perdue par un point d'interrogation.
S'ils n'étaient pas si jeunes, je leur conseillerais bien de lire le roman d'Italo Calvino, Le chevalier inexistant qui promenait son armure vide, pourtant pleine de questionnements...

Nous choisissons quelques objets-phares du texte pour les réaliser en papiers découpés. Le rituel est pris : les enfants débutent par des recherches sur l'ardoise, puis ils reproduisent leur dessin sur Canson de couleur, qu'ils découpent ensuite.

"l'architecte dessine les plans de la tête de Xibulon",
études sur ardoise




"une tête d'éléphant pour boire et arroser les fleurs ?"
études sur ardoise

"une tête d'éléphant pour boire et arroser les fleurs ?"
études sur papier découpé Canson

après les têtes coupées, les papiers découpés...


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