mercredi 16 décembre 2009

Scènes de méninges

Hier, dernière matinée à Moingt, avant mon retour en mars.

J'avais passé la séance précédente à leur faire compter les pieds et à rimer avec des "ailes" (et Brétzel, of course). Sur des vers de 14 pieds. Deux fois 1, 2, 3, 4, 3, 6, 7 pieds.
Les questions avaient fusé : et le "e", on le prononce, on dit "el-leuh" ou bien "èl" ?
Eh bien... ça dépend. Allez donc disserter diérèse et élision !
Une foulée à prendre, une musique des mots à trouver.
Bertrand leur avait conseillé d'utiliser leurs ardoises. Sur ce support, ils s'essayent sans états d'âme, craignent moins la rature puisqu'ils l'effacent, recommencent ; une souplesse du copier/coller qui les rapproche sans doute de l'écran d'ordinateur, dont ils sont si familiers. Une idée fructueuse.
A la fin, l'étrange mécanisme syllabique commençait à délier ses rouages mélodiques.
Nous avions aussi amorcé la chanson de Rosaline, Paris, mon amie. Avec ce petit bout de refrain, qui tournait déjà tout seul, trouvé par une élève :
"Je te parie que Paris
sans moi Paris serait pris"

Aujourd'hui, durant plus d'une heure, les enfants s'essorent les méninges sur le texte de La chanson pour recycler la cervelle, largement ébauchée lors de la rencontre avec les 5èmes maîtrisiens au centre musical. Les CM1 ne sont pas friands du travail en groupes, nous débutons par une séance de brainstorming collective, un peu laborieuse. Retravailler un texte : la bête noire des mômes. Les voilà partis à disséquer, triturer, déplacer, segmenter des demi-phrases, à inverser les vers, changer un adjectif : une tâche d'orfèvre. Subtil puzzle qu'une chanson, où l'équilibre musical est menacé à la moindre modification, où les mots se manient à la pince à épiler...

Nous essayons aussi d'avancer le scénario du conte. Car c'est en fait deux chantiers parallèles que nous conduisons en ce moment : celui des chansons et celui du scénario, les deux se poussant et se tirant mutuellement. Du coup, l'avancée du conte est un cheminement de funambule, mais c'est l'alternance et la diversité des tâches qui permet aux enfants de ne pas s'épuiser.
Je tente tout de même une écriture par petits groupes. Pour prendre de l'élan, ils dessinent avant d'écrire, une autre suggestion de Bertrand qui s'avère porteuse. Surgit soudain le personnage d'un président, initiateur de cette étrange machine. Une machine destinée à ramollir la cervelle de ses concitoyens pour les inciter à le réélire sans cesse. Toute ressemblance avec des personnes ou des situations existantes ou ayant existé ne saurait être que fortuite...

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